Les trois soeurs: LE COURAGE DE 3 SOEURS FACE AUX SS (French Edition) by John La Galite (jean Michel Sakka)

Les trois soeurs: LE COURAGE DE 3 SOEURS FACE AUX SS (French Edition) by John La Galite (jean Michel Sakka)

Auteur:John La Galite (jean Michel Sakka) [Galite, John La]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Mystery; Thriller & Suspense, Mystery, Historical, Foreign Languages, French, Crime; Thriller & Mystery, History, Europe, France, Literature & Fiction, Foreign Language Fiction
Amazon: B007PZQKSY
Éditeur: KS éditions
Publié: 2014-01-19T23:00:00+00:00


13

Le vieil Henri mourut le vingt décembre de cette année ; la veille de son quatre-vingt-troisième anniversaire. Quelques jours après la visite des Allemands, un matin, il refusa de se lever. Il avait décidé de se laisser mourir.

Je restai près de lui jusqu’à la fin. Quand il ne regardait pas fixement le feu allumé dans la cheminée, il tournait le dos à la porte, recroquevillé dans son lit de cuivre, le visage contre le mur. J’essayai de lui parler, mais il répondait de façon confuse ; découragé, je me plongeais dans la lecture, assis sur une chaise près du feu. Mélanie prenait ma place quand j’allais me coucher.

Le docteur vint le voir ; il disait que le vieil Henri ne présentait aucun des symptômes des maladies connues. Il fallait espérer que son esprit, troublé, reprit le dessus. Les habitants passèrent prendre de ses nouvelles et les femmes apportèrent des remèdes pour le remettre sur pied.

Il ne mangeait presque plus, deux ou trois cuillères de soupe qu’Amancine le forçait à avaler en lui desserrant les dents. Il était épuisé ; il n’avait plus la force de réagir.

La veille de sa mort, il avait dû la sentir approcher, il confia à Odette qu’il ne voulait pas que le curé vienne lui administrer l’extrême-onction.

Le sol était gelé et les fossoyeurs eurent du mal pour creuser sa tombe. Une bise glacée soufflait de façon continue. Une lumière grise et froide tombait sur le petit cimetière à flanc de colline. Devant les pierres tombales, il y avait de petits vases. Certains contenaient encore des fleurs flétries, ratatinées.

Je suivais le curé et les porteurs du cercueil. Les hommes avaient des cravates sombres, les femmes des châles noirs ; le pin du cercueil était de couleur claire.

Quand on le descendit dans le trou, je détournai la tête. Le curé prononça son oraison, mais je ne l’écoutai pas.

Je pensais au vieil Henri. S’il s’était laissé mourir, c’était un peu de ma faute. Je faisais le rapprochement avec le vol de sa collection ; je me disais que j’avais eu tort d’obéir, que j’aurais dû inventer n’importe quoi pour ne pas montrer les cartes postales.

Ce souvenir, j’étais incapable de le chasser, car les Allemands n’avaient pas disparu ; ils étaient toujours là, en chair et en os, avec leurs chiens et leurs chars. J’avais honte de ma faiblesse et de ma peur, et je me mis à les haïr.

Ainsi, je ne les avais pas détestés pour ce qu’ils faisaient aux Juifs, pour la fermeture de l’atelier de mon père et les atrocités dont on parlait devant moi ; non, je m’étais mis à les haïr pour une collection de cartes postales dont ils avaient privé un vieillard qui n’était pas mon grand-père.

Bien des années plus tard, en analysant ma réaction de l’époque, je compris qu’elle avait tout à voir avec mon sentiment de culpabilité. Pas celui de Daniel Descamps et de son univers fabriqué, mais celui de David dont j’avais oublié l’existence et qui lui ne se serait pas dégonflé.



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